Il m'a paru intéressant, voire
nécessaire de faire un Zoom sur le rapport commandé par le député Yves Cochet, député
écologiste au Parlement européen, et rédigé par Pablo Servigne, agronome et
docteur en sciences, tant son contenu me parait pertinent dans notre
conjoncture de crises économiques et sociales, d’aggravation du
réchauffement climatique, de généralisation des pollutions, de détérioration
irréversible des écosystèmes et de fin de l’ère des énergies fossiles bon
marché:
« Le premier apport de
cette étude est de prendre comme objet principal l’ensemble du système
alimentaire, et non plus seulement l’agriculture.
(…)
Le deuxième apport de l’étude
est d’avoir analysé les relations entre les crises qui menacent le système
alimentaire industriel, d’en constater sa grande vulnérabilité, en particulier au
regard du pic pétrolier et du changement climatique, d’inviter à prendre
conscience d’un potentiel effet domino, et d’en conclure qu’il faut chercher
des « solutions » systémiques très rapidement.
(…)
Le troisième apport est de
proposer des principes généraux de résilience qui guideront les choix
d’innovation et les propositions politiques. Les systèmes alimentaires,
l’agriculture et la demande (les consommateurs) seront à l’avenir très économes
en énergie, construits sur des petites structures décentralisées et conscientes
des limites physiques de la planète.
(…)
Le quatrième apport est de
dessiner un cadre général pour la ville et les campagnes, qui prennent en
compte les limites énergétiques, les risques climatiques et les exigences
écologiques de l’environnement de demain. Ce cadre permettra de guider les
futurs choix politiques, et de transformer l’imaginaire des acteurs du système
alimentaire.
(…)
Le cinquième apport est de
montrer que des expériences alternatives concrètes et crédibles existent et
s’insèrent dans le cadre théorique développé dans l’étude. Ceci redonne espoir
en la possibilité d’une transition et favorise le passage à l’action. Mais les
initiatives sont encore fragiles, il convient donc de les soutenir et de
favoriser leur émergence par des politiques publiques fortes.
(…)
Le sixième apport est de penser
la transition, et de discuter des principales difficultés qu’elle pourrait
rencontrer.
(…)
L’étude a donc pour but de d’abord faire le tour des
crises et de les reconnecter entre elles. Ainsi, en adoptant une vision plus
systémique de la situation, et à la lumière des dernières publications scientifiques,
nous évaluerons à la fois les risques que fait peser notre système alimentaire
sur la société et sur l’environnement, et inversement, les risques qu’il
encoure du fait de sa vulnérabilité.
Grâce à cette première partie, nous pourrons donc
commencer à imaginer des chemins de transition, c’est-à-dire d’abord établir
des principes généraux de résilience qui nous guideront dans la conception des
futurs systèmes alimentaires.
La troisième partie sera consacrée à la question urbaine
: quelles pistes avons-nous pour repenser la sécurité alimentaire dans les villes
? Quel est le potentiel de l’agriculture urbaine ?
La quatrième partie abordera brièvement les grands
changements qui auront lieu en dehors des villes, dans les campagnes. Les
changements (voulus ou non) seront si profonds que le paysage et les pratiques
agricoles en seront totalement bouleversés.
Avant de conclure et de proposer des recommandations
politiques, nous discuterons dans une cinquième partie de la notion de
transition, de sa pertinence et de sa faisabilité.
(…)
« Avec
ce rapport, nous sortons enfin du 20ième siècle. Le siècle passé
aura été celui de la poursuite de l’efficience, de l’uniformité et des
économies d’échelle ; le nôtre devra faire primer le souci de la résilience,
celui de la diversité et des initiatives locales. Ce rapport nous met sur la
voie ».
Olivier De Schutter, Rapporteur spécial des Nations Unies sur
le droit à l’alimentation »