vendredi 31 janvier 2014

Nourrir l'Europe en temps de crise

Il m'a paru intéressant, voire nécessaire de faire un Zoom sur le rapport commandé par le député Yves Cochet, député écologiste au Parlement européen, et rédigé par Pablo Servigne, agronome et docteur en sciences, tant son contenu me parait pertinent dans notre conjoncture de crises économiques et sociales, d’aggravation du réchauffement climatique, de généralisation des pollutions, de détérioration irréversible des écosystèmes et de fin de l’ère des énergies fossiles bon marché:



Voici quelques morceaux choisis qui, je l’espère, vous inciteront à le lire dans son intégralité :

« Le premier apport de cette étude est de prendre comme objet principal l’ensemble du système alimentaire, et non plus seulement l’agriculture.
(…)
Le deuxième apport de l’étude est d’avoir analysé les relations entre les crises qui menacent le système alimentaire industriel, d’en constater sa grande vulnérabilité, en particulier au regard du pic pétrolier et du changement climatique, d’inviter à prendre conscience d’un potentiel effet domino, et d’en conclure qu’il faut chercher des « solutions » systémiques très rapidement.
(…)
Le troisième apport est de proposer des principes généraux de résilience qui guideront les choix d’innovation et les propositions politiques. Les systèmes alimentaires, l’agriculture et la demande (les consommateurs) seront à l’avenir très économes en énergie, construits sur des petites structures décentralisées et conscientes des limites physiques de la planète.
 (…)
Le quatrième apport est de dessiner un cadre général pour la ville et les campagnes, qui prennent en compte les limites énergétiques, les risques climatiques et les exigences écologiques de l’environnement de demain. Ce cadre permettra de guider les futurs choix politiques, et de transformer l’imaginaire des acteurs du système alimentaire.
(…)
Le cinquième apport est de montrer que des expériences alternatives concrètes et crédibles existent et s’insèrent dans le cadre théorique développé dans l’étude. Ceci redonne espoir en la possibilité d’une transition et favorise le passage à l’action. Mais les initiatives sont encore fragiles, il convient donc de les soutenir et de favoriser leur émergence par des politiques publiques fortes.
(…)
Le sixième apport est de penser la transition, et de discuter des principales difficultés qu’elle pourrait rencontrer.

(…)

L’étude a donc pour but de d’abord faire le tour des crises et de les reconnecter entre elles. Ainsi, en adoptant une vision plus systémique de la situation, et à la lumière des dernières publications scientifiques, nous évaluerons à la fois les risques que fait peser notre système alimentaire sur la société et sur l’environnement, et inversement, les risques qu’il encoure du fait de sa vulnérabilité.
Grâce à cette première partie, nous pourrons donc commencer à imaginer des chemins de transition, c’est-à-dire d’abord établir des principes généraux de résilience qui nous guideront dans la conception des futurs systèmes alimentaires.
La troisième partie sera consacrée à la question urbaine : quelles pistes avons-nous pour repenser la sécurité alimentaire dans les villes ? Quel est le potentiel de l’agriculture urbaine ?
La quatrième partie abordera brièvement les grands changements qui auront lieu en dehors des villes, dans les campagnes. Les changements (voulus ou non) seront si profonds que le paysage et les pratiques agricoles en seront totalement bouleversés.
Avant de conclure et de proposer des recommandations politiques, nous discuterons dans une cinquième partie de la notion de transition, de sa pertinence et de sa faisabilité.

(…)

« Avec ce rapport, nous sortons enfin du 20ième siècle. Le siècle passé aura été celui de la poursuite de l’efficience, de l’uniformité et des économies d’échelle ; le nôtre devra faire primer le souci de la résilience, celui de la diversité et des initiatives locales. Ce rapport nous met sur la voie ».


Olivier De Schutter, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation  »

mercredi 8 janvier 2014

Pourquoi je pense que le maraîchage est un métier d’avenir !

Crise économique, sociale, du climat, de la biodiversité, de l’énergie, du chômage… on n’en parle sans cesse et bien souvent avec un profond défaitisme. Mais ce qui caractérise une crise, à mon sens, c’est son caractère temporaire… hors laisser entendre que notre système est dans un creux et qu’il va se relever… tout seul ! …
C’est un non-sens, notre monde n’est pas en crise, il est en pleine mutation, car nous sommes à la fin d’un cycle et nous nous devons d’inventer le prochain.



J’ai découvert le mouvement de transition en lisant l’ouvrage de Rob Hopkins – manuel de transition de la dépendance au pétrole à la résilience locale -



 « Le mouvement de Transition est né en Grande-Bretagne en septembre 2006 dans la petite ville de Totnes. L'enseignant en permaculture Rob Hopkins avait créé le modèle de Transition avec ses étudiants dans la ville de Kinsale en Irlande un an auparavant. Il y a aujourd'hui des centaines d'Initiatives de Transition dans une vingtaine de pays réunies dans le réseau de Transition (Transition Network).

La Transition en question est le passage « de la dépendance au pétrole à la résilience locale ». Les populations locales sont invitées à créer un avenir meilleur et moins vulnérable devant les crises écologiques, énergétiques et économiques qui menacent en agissant dès maintenant pour :
  • réduire la consommation d'énergie fossile ;
  • reconstruire une économie locale vigoureuse et soutenable et retrouver un bon degré de résilience par la relocalisation de ce qui peut l'être ;
  • acquérir les qualifications qui deviendront nécessaires.
Chaque collectivité locale trouvera par elle-même les actions qui lui conviennent en fonction de ses ressources et de ses enjeux. Il n'y a pas de réponse toute faite. Le modèle de Transition offre un cadre de travail cohérent mais non coercitif.
Pourquoi agir localement ?
  • parce que l'économie devra inévitablement se relocaliser en grande partie ;
  • parce que c'est le niveau auquel les citoyens peuvent inventer des solutions bien adaptées à leur réalité et passer à l'action ;
  • parce que c'est souvent près de nous que se trouvent les gens, les ressources et les solidarités pour agir. »

Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous invite à lire les articles suivants :


« Il y a de grandes chances pour que le système alimentaire européen s’effondre d’ici quelques années ». Tel est le constat d’un rapport qui sonne l’alarme, et propose des pistes pour une transition vers un modèle alimentaire post-industriel, aux mécanismes résilients et durables. (…) »


« Terre de Liens Normandie lance "Le Convertisseur alimentaire" : ce calculateur permet d’évaluer le nombre possible de nouveaux paysans si l’on passait à une politique d’alimentation produite localement. »

https://drive.google.com/file/d/0ByZ0avMsnpjbYjg5TGJVWFB0b0U/edit?usp=sharing


"Les systèmes alimentaires industriels contribuent très largement à un ensemble de crises que subit notre planète et nos sociétés : le réchauffement climatique, la dégradation des écosystèmes et de la biodiversité, l’épuisement des énergies fossiles, la situation sociale des agriculteurs, la mauvaise santé des populations, et un gaspillage immense de nourriture."